Sira, des années d’attente qui laissent la place au temps de la guérison
Le jour où la petite Sira, âgée de 6 ans, est revenue de l’Africa Mercy® à Dakar, les voisins ont accouru chez elle pour constater le changement.
Ils savaient qu’elle était partie se faire opérer pour redresser ses jambes arquées.
« Certains d’entre eux l’avaient connue avec des jambes tordues toute sa vie », explique Ibrahima, le père de Sira.
Ils ont tous été impressionnés par ses jambes toutes droites. Sira a souri timidement, les laissant l’observer. Elle avait l’habitude de ces regards. On la dévisageait depuis qu’elle avait 4 ans, depuis que ses jambes avaient commencé à se recourber vers l’extérieur.
- 8 mars 2023
L'espoir renaît
Plusieurs fois, Sira était rentrée de l’école en pleurant à cause des regards et des moqueries des autres. À chaque fois, son père lui disait : « Un jour, ils parleront de toi autrement, ils parleront de tes succès. »
Ibrahima a toujours insisté auprès de ses enfants sur l’importance de l’école. Son éducation secondaire limitée l’avait freiné dans la vie, et il voulait le meilleur pour ses enfants.
« Lorsque vous n’avez pas d’éducation, vous ne pouvez pas obtenir un bon emploi », disait-il. « Et alors vous ne pouvez pas subvenir à vos besoins et à ceux de votre famille ».
Quand Sira ne voulait pas aller en classe, il insistait.
« Je savais que si elle avait une éducation solide, le problème de ses jambes aurait moins d’importance », déclarait-il.
Il lui disait d’ignorer les regards et les moqueries. Mais c’était difficile pour la jeune Sira.
« J’étais toujours inquiète parce que les enfants se moquaient d’elle », expliquait sa mère, Binti. « Sira était toujours si joviale ; mais quand les gens ont commencé à la dévisager, elle est devenue timide. Elle n’était pas heureuse. »
Binti avait tout essayé pour améliorer le bien-être de fille quand sa malformation s’était développée. Elle lui achetait des snacks et des bonbons, espérant compenser le mauvais traitement des autres enfants. « Mais ce n’était pas suffisant », affirmait-elle.
L'espoir renaît
Les médecins soupçonnaient que la malnutrition était à l’origine de son état, mais ils n’avaient pas de solution concrète à proposer. Les nombreuses visites médicales mettaient également à rude épreuve les finances de la famille. Comme ils étaient de petits agriculteurs et possédaient un petit magasin, ils n’avaient pas de source de revenu stable pour couvrir les frais médicaux.
Finalement, Ibrahima et Binti ont abandonné. Ibrahima se souvient avoir pensé : « Quand Dieu sera prêt, il la guérira ».
La guérison est arrivée deux ans plus tard, lorsque Ibrahima a découvert l’existence de Mercy Ships qui proposait des interventions chirurgicales gratuites pour des conditions comme celle de Sira. « Notre voisin était déjà passé par là, et leur enfant a été totalement guéri », disait-il.
Après auscultation, Sira a été sélectionnée pour être opérée. Ses parents ne pouvaient pas l’emmener à Dakar, où le navire-hôpital était amarré. Ibrahima se préparait à planter ses cultures et Binti devait s’occuper des frères et sœurs de Sira.
Alors, c’est accompagnée de sa grand-mère Diaite que Sira a voyagé plus de 12 heures depuis Simbadi Balante, leur village au sud du Sénégal, pour embarquer sur l’Africa Mercy à Dakar.
La résilience de Sira
Après une intervention chirurgicale réussie pour remodeler ses os, Sira a entamé une rééducation de 12 semaines. Elle devait réapprendre à marcher et remuscler ses jambes. Dean Hufstedler, le responsable bénévole kiné, a commencé par des exercices à faire au lit, puis a lentement progressé vers des exercices avec un déambulateur.
« Je me souviens de Sira parce que lorsque nous lui expliquions ce que nous attendions d’elle, elle balançait ses jambes sur le côté du lit, faisait glisser ses pieds jusqu’au sol, s’agrippait à ce petit déambulateur et s’en allait », déclarait Dean.
C’est cette détermination et cette résilience remarquables qui ont accéléré le processus de guérison de Sira.
Elle a fait preuve d’une volonté sans faille dès qu’on lui a retiré son plâtre. Alors que d’autres enfants avaient besoin d’aide pour mettre leurs chaussures après les séances de rééducation, Sira était déterminée à se débrouiller seule. Avec sa confiance tranquille et son sourire radieux, résolue à accomplir chaque série d’exercices vers la voie de la guérison complète, Sira déclenchait l’admiration de l’équipe médicale qui la regardait patiemment attacher ses lacets.
La rééducation de Sira
Pendant son séjour au centre HOPE (Centre d’extension de l’hôpital), elle a appris à aimer le football.
« Nous utilisons beaucoup le football », explique Laura Blundell, kinésithérapeute bénévole. « Les coups de pied favorisent l’amplitude des mouvements. C’est rapidement devenu l’activité préférée de Sira. »
Le voyage de retour dans leur village était très excitant pour Sira et sa grand-mère. Elles avaient hâte de montrer les jambes redressées de Sira. Au cours de leur séjour de trois mois à Dakar, elles avaient communiqué avec les parents de Sira par téléphone.
« Je les appelais tous les jours pour les rassurer », déclara Diaite. « Sur l’Africa Mercy, tout le monde prenait soin de nous, nous étions hébergées, nous étions bien nourries, et Sira recevait l’aide médicale nécessaire. »
Sira est immédiatement retournée à l’école après son retour. Son expérience scolaire est désormais beaucoup plus positive, au grand soulagement de ses parents.
La guérison de Sira a enlevé un lourd fardeau des épaules de son père.
« C’est très difficile d’avoir son enfant comme ça », a déclaré Ibrahima. « On perd parfois courage « .
Il est convaincu que sa guérison lui permettra d’atteindre son plein potentiel. Il continue à encourager vivement sa fille à exceller dans ses études.
« Si elle travaille dur dans ses études, elle réussira, elle s’aidera elle-même et elle aidera les gens autour d’elle », a déclaré Binti.
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